Le Moyen Age

Les Gaulois sont peu amateurs de parfums, mais ils possèdent de grandes connaissances botaniques et une pharmacopée développée. En conquérant la Gaule en 51 avant J.C., les Romains y introduisent l’usage des bains, des parfums et des cosmétiques. Les Druides, pourchassés, sont remplacés par les médecins et les parfumeurs romains.

Le catholicisme est reconnu. L’emploi d’encens se répand lors du culte. Les aromates, considérés comme des biens précieux, sont offerts lors des grandes occasions, préfigurant les échanges futurs : le calife de Bagdad, Haroun al-Raschid, en offre à l’empereur Charlemagne.

Par les croisades (1096-1291), les échanges entre l'Orient et l'Occident se développent, améliorant ainsi les routes du commerce. Les croisés rapportent d'Orient des senteurs et des épices nouvelles et réintroduisent l'habitude d'accompagner la toilette d'applications parfumées.

Du Xe au XVe siècle, Venise est le grand centre de la distribution et du commerce maritime pour toute l’Europe.

En Espagne, les Arabes apportent aussi beaucoup à la parfumerie : du Xe au XIIIe siècle, Cordoue rivalise avec Bagdad en luxe et en érudition.

Une concurrence se développe entre apothicaires, épiciers, vendeurs d’harbes et vendeurs d’aromates. Au XIIIe siècle, on commence à réglementer de façon plus précise les différents corps de métier.

Au Moyen Age, hommes et femmes se baignent souvent ; comme dans l’Antiquité, les bains sont aromatisés d’herbes et de parfums. Ils constituent une marque de politesse envers les invités. Les bains sont pris sans tenir compte des sexes, des repas y sont même servis. Seuls les grands personnages ont des bains privés ; il existe aussi de nombreux bains publics où tout le monde peut accéder. Le rôle hygiénique des bains sert parfois de prétexte à d’autres activités. Suite à de nombreux scandales, les magistrats demandent à ce que les sexes soient séparés et le clergé exige la fermeture définitive des bains.

À table, on propose aux convives des aiguières d’eau parfumée pour se rincer les mains. À cette époque, on mange encore avec ses doigts.

Jusqu’à la Renaissance, l’usage des parfums à la violette, à la lavande, à la fleur d'oranger se répand auprès des dames nobles ou fortunées et les élégantes dissimulent sous leurs vêtements ou dans leur linge des sachets parfumés.

En 1347, un vaisseau génois de retour d’un siège sur le littoral de la Mer Noire, rapporte la peste avec lui. En un an, toute l’Europe est contaminée. Aspersions, fumigations et vins aromatisés sont utilisés pour lutter contre le fléau. Hommes et femmes inhalent des matières aromatiques précieuses contenues dans des boules de senteur, appelées aussi pommes de musc ou d’ambre, puis pomanders.

Pour assainir et parfumer les maisons, on brûle du laurier ou du romarin dans les cheminées et l’on jonche le sol d'herbes odorantes.

À Salerne, on découvre la distillation de l’alcool. Remplaçant l’huile comme excipient du parfum, ce liquide volatil et neutre transforme radicalement la parfumerie. La Parfumerie alcoolique est née.

Vers 1370, cinquante ans après la découverte de l’alcool, la reine Elisabeth de Hongrie inspire le premier nom de parfum, l’eau de Hongrie, un extrait de romarin et de lavande à base d’alcool. Selon la légende, l’ermite qui composa cette fragrance et la présenta à la reine aurait assuré qu’elle lui conserverait sa beauté intacte jusqu’à sa mort. Il semble que le charme ait fonctionné, puisque, à l’âge de 70 ans, Elisabeth de Hongrie épousa le roi de Pologne.

À cette époque, Grasse est déjà renommée pour ses tanneries. Dès le XIIe siècle, elle noue des liens commerciaux avec Gênes mais surtout avec l'Espagne à qui elle achète les peaux. Les paysans grassois distillent déjà des plantes et vendent leurs produits sur les marchés mais la ville n'a pas encore atteint un grand rayonnement.

Apparu vers la fin du XVIe siècle, le vinaigre aromatique est traditionnellement un mélange de vinaigre auquel on ajoute dans des proportions variables des produits odorants naturels et frais, notamment des essences de fleurs et de fruits. Le produit à la senteur forte est utilisé comme remède contre les malaises, on fait notamment respirer le remontant aux dames qui s’évanouissent, pour les ranimer