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L’Egypte des pharaons


De la fumée pour le ciel

Le parfum est indissociable de la civilisation égyptienne. Il sert d’intermédiaire entre l’homme et les dieux. Il est né dans les temples, il est présent dans tous les rituels : il purifie, il participe à chaque étape de la vie humaine, du contact avec les divinités, des rites de l’embaumement funéraire.

Ils utilisent des senteurs puissantes favorisant l'élévation de l'âme : résine de térébinthe, olibanum, galbanum, labdanum, myrrhe…

Huiles parfumées, onguents et fards participent également au rite : chaque matin, les prêtres procèdent à la toilette des statues divines puis oignent et fardent leur visage.

Par ces offrandes, les Égyptiens s'assurent la protection des dieux pour leur passage dans l'au-delà, qui nécessite le maintien de leur intégrité corporelle. Cette croyance explique la pratique de l'embaumement qui conserve intact le corps dans des substances imputrescibles et parfumées. 

L'embaumement : "On commence à retirer le cerveau par les narines à l'aide d'un crocher en fer et en y injectant des drogues dissolvantes. Puis on incise les flancs avec une pierre d'Ethiopie tranchante et l’on retire les intestins qui sont nettoyés au vin de palme et purifiés avec des aromates broyés. On remplit l'abdomen de myrrhe, de cannelle et autres aromates et on le recoud. On plonge ensuite le cadavre dans le natron (Carbonate de sodium hydraté naturel) où on le laisse soixante-dix jours... Ensuite on lave le corps, on l'enveloppe dans de fines bandelettes de lin enduites d'une sorte de gomme..."

Hérodote (v. 484 - v. 420 av. J.C.)

À côté des lieux de culte, le temple renferme des locaux où les prêtes entourés de leurs aides préparent les aromates à brûler et l’huile parfumée destinée aux dieux. Les manipulations demandent de longs mois de travail. Les aides pilent les plantes, les fleurs, les racines, les herbes aromatiques et broient résines et gommes. D’autres brassent dans de grandes chaudières le vin, les huiles, le miel, et le prêtre officiant, chef du laboratoire, leur lis à voix haute la formule gravée sur les murs. Certains éléments ne sont pas écrits mais transmis oralement par les prêtres pour éviter la divulgation des secrets.

 

Substances parfumées et fards ne laissent pas insensibles les mortels qui les utilisent d'abord pour leurs vertus magiques et thérapeutiques. Mais très vite, ils deviennent instruments de séduction par leur pouvoir odorant et esthétique.

 

Les deux résines les plus connues sont l’encens proprement dit (Boswellia sacra) et l’arbuste à myrrhe (Commiphora burseraceae). Ils furent importés en Egypte depuis la terre de Punt, ou Pwenet, une région qui devait s’étendre de la Somalie au nord de l’Ethiopie.

 Les matières premières abondent sur place, mais on fait également venir des matières premières odorantes de Libye, du Proche-Orient, d’Arabie : bois odoriférants, huiles de pin et d’olive, myrrhe, cinnamome, épices des Indes, Baume de Judée. Le commerce des aromates est répandu dans tout le monde antique.

 Les Égyptiens par leur art des parfums et des aromates pressentent bien des découvertes scientifiques à venir. Leur rayonnement s’étend jusqu’en Asie où Palmyre et Babylone sont les deux grands centres d’activité pour les parfums.